Léocadie II

L'espoir d'un Français

      — Ton père a peut-être raison après tout! Tu es peut-être trop fière Léocadie! Ça va te jouer des tours ça! Regarde ta pauvre tante. Il n’y avait jamais un gars assez bon pour elle! Eh bien! Elle est restée vieille fille aussi! C’est-tu ça que tu veux?

     — Bien sûr que non m’man! Vous savez comment j’aime les enfants. Je ne demanderais pas mieux que de me marier et d’élever une belle famille comme vous. Mais pas avec n’importe qui! Aujourd’hui, les filles ont quand même leur mot à dire là-dessus!

     — Ne me fait pas croire qu’il n’y a pas un gars de Saint-Benoît qui serait assez bon pour toi! Moi j’appelle ça de la fierté mal placée! V’là comment j’appelle ça, Léocadie!

     — Ne vous fâchez pas m’man. Vous savez bien qu’il y en avait un gars d’ici qui...!

     — Tu ne veux pas parler de ce Joseph? De ce serviteur qui s’est sauvé dans son pays!

     Au silence de sa fille, Aglaé comprit que ses paroles l’avaient blessée. Elle voulut se reprendre.

     — Je ne dis pas qu’il n’était pas fin… et beau itou! Mais, Léocadie! Sois raisonnable! Il est parti depuis plus de trois ans! Ne gâche pas ta vie à l’attendre!

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Un vent d’orage soulevait des vagues gigantesques qui venaient s’abattre sur le pont de La Champagne dans un fracas formidable. Le paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique avait quitté le Havre depuis trois jours et tentait maintenant, avec peine, de suivre sa route en direction de New York.

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    — Tant que Joseph était là, jamais je ne lui aurais enlevé son amoureuse! Mais, maintenant! Peut être réussirai-je à me faire aimer d’elle!

     — Ah! Tu as bien le droit de rêver, Louis! Je te souhaite bien de la chance avec cette belle Léocadie!

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Il est difficile de décrire la sensation qu’éprouvait Louis lorsqu’il réalisa qu’il se trouvait désormais bel et bien à New York, de l’autre côté de l’Atlantique! Il se revoyait, au sommet de la tour Eiffel, scrutant l’horizon... et voilà que son rêve était devenu réalité!
 
 

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